pratiquant de Tai Chi dans les montagnes

Zhang Sanfeng, le maître des trois pics, était un pratiquant d’arts martiaux hors-pairs ainsi qu’un grand acupuncteur et un thérapeute reconnu. 

Il avait une haute stature, un corps élancé et une constitution robuste qui lui donnait un air redoutable.

Son visage à la fois rond et carré, était orné d’une barbe hérissée comme une forêt de hallebardes et un chignon épais trônait au sommet de son crâne.

Si son allure était impressionnante, son regard exprimait cependant une douce tranquillité mêlée d’une lueur de bonté.

Il portait été comme hiver la même tunique fabriquée dans une seule pièce de bambous tressés et possédait également un chasse-mouches fait d’une crinière d’un cheval.

Ermite, assoiffé de connaissance, il passa la plus grande partie de sa vie à parcourir les pentes des monts Se-Tchouan, Chansi et Houe-Pe. 

Zhang Sanfeng pouvait ainsi passer ses journées à méditer dans la solitude ou à errer seul dans les montagnes. 

Il visitait ainsi les hauts lieux du taoïsme, allant d’un monastère à l’autre, séjournant dans des sanctuaires et des temples que les pentes escarpées de la montagne rendaient difficilement accessibles. 

Partout où il passait, il étudiait les livres sacrés et interrogeait sans relâche sur les mystères de l’univers.

Un jour, alors qu’il méditait en silence depuis plusieurs heures déjà au pied d’un arbre au plus profond de la forêt, il crut entendre un chant inhabituel.

Tiré de sa méditation par ce sifflement merveilleux, presque surnaturel, il aperçut perché sur un arbre voisin un oiseau qui fixait attentivement le sol. Suivant le regard de l’oiseau, il vit à quelques pas de là un serpent dont la tête se dressait vers le ciel. 

Les regards de l’oiseau et du reptile se rencontraient, s’affrontaient… 

Soudain l’oiseau fondit comme une flèche sur le serpent en poussant des cris perçants. Il l’attaqua furieusement à coups de bec et de pattes. 

Le serpent, ondulant et fluide, répondit en esquivant habilement les assauts répétés de son agresseur.

Après quelques minutes de combat l’oiseau, épuisé par ses efforts inefficaces, dut regagner sa branche pour reprendre des forces. Puis, au bout d’un moment, s’égosillant de plus belle,  il se précipita de nouveau à l’assaut du serpent qui semblait l’attendre silencieusement. 

Il n’eut pas plutôt déployé ses ailes et tendu toutes ses griffes pour frapper son adversaire que celui-ci l’entraîna dans sa danse circulaire qui se mua soudain en une spirale d’énergie tourbillonnante et insaisissable.

La légende raconte que Zhang Sanfeng s’inspira de cette vision pour créer le Wu-Tang-Pai, le style de «la main souple », qui façonné par des générations de taoïstes, devint avec le temps le Taiji Quan.

Et c’est pourquoi les mouvements du Taiji Quan n’ont ni début ni fin.

Ils se déroulent souplement comme le fil à soie d’un cocon et s’écoulent sans heurts et sans interruption comme les eaux du fleuve Yang-Tsé.

"Les contes des arts martiaux" réunis par Michel Random.

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